KanshoLe pangainun a parfois pour les pratiquants d’autres styles l’image d’un karate dur alors qu’il est à la fois dur et souple. Evoques-tu cet aspect dans ton ouvrage ?
Généralement, je n’évoque pas de points techniques précis avec mes interviewés. Mais dans le cas du vol.5, qui nous intéresse donc présentement, oui, des experts évoquent ce problème de non compréhension de l’alternance du ferme et du relâché.
Ce sont les termes qui conviennent mieux que ‘dur et souple’ , qui sont pour moi de mauvaises interprétation des binôme : 剛柔 et 硬軟 .
L’entretien avec Senaga Yoshitsune me revient à l’esprit quand il y critique ceux qui mettent trop de force dans leur karate :
‘Quand je vois les pratiquants actuels avec leurs mouvements raides et robotiques, forts en apparence…[…] c’est pas ça!’ (p27 du livre)
Senaga Yoshitsune
Justement dans ton livre tu as choisis de t’entretenir avec Senaga Yoshitsune, Uechi Sadanao, Yogi Josei, Itokazu Seishô et Ahagon Masayoshi. Pourquoi ce choix ?
C’est très simple, ce sont ceux …. qui ont accepté de me recevoir.
J’aurais voulu rencontrer Tomoyose Ryûkô, mais il est très difficile à rencontrer, son entourage est très protecteur. C’est un regret j’aurais beaucoup aimé qu’il puisse s’exprimer pour les francophones.
J’aurais voulu aussi rencontrer Nakahodo Tsutomu, mais cela n’a pas été possible, tout comme avec Takara Shintoku.
Je voulais approcher un ou deux jeunes, en plus de Sadanao, mais je n’en ai pas trouvés. Contrairement au shurite ou à la Gôjû, il n’y a pas beaucoup de nouvelles têtes (personnes nées vers 1970) dans le monde uechi, en tout cas, d’après ce que j’en ai compris.
Après, il faut aussi savoir que dans le milieu uechi, du fait que depuis les années 1950, les gens des Etats-Unis sont très présents [de plus, le dojo de Kadena et celui de Futenma étaient en plein en dans le « territoire » des bases de ce pays] , il y a un comportement un peu distant vis à vis des étrangers.
Je ne sais pas comment l’exprimer, mais je n’ai pas rencontré ça dans d’autre milieu martial à Okinawa.
Mais au final, mes panelistes : Senaga, Uechi, Yogi, Itokazu et Ahagon me conviennent tout à fait : j’ai été reçu par des enseignants de valeurs et des individus qui méritent d’être connus et reconnus!
Uechi Sadanao plus connu sous le nom de Uechi Kansho
(photo Uechi-Ryu Europe)
Que penses-tu apporter à tes lecteurs avec livre et avec l’ensemble de ta collection ‘entretiens à okinawa ‘ ?
J’espère que par ce biais ils puissent connaître, presque intimement, ceux qui façonnent le karaté et les kobudo à l’heure actuelle.
Cela peut passer pour un vœu pieu, mais je pense vraiment qu’avec la diversité des experts rencontrés, aussi bien au niveau des pratiques que de leur âge ou bien leur importance, il est possible d’obtenir un tableau assez complet.
Je précise que la série d’entretiens n’est pas nécessaire pour saisir des détails, des points liés aux filiations.
C’est d’ailleurs pour cela que j’ai écrit ‘Karate et kobudô à la source-Les Arts martiaux okinawanais maintenant‘ qui aborde le sujet des arts martiaux insulaires contemporains.
Merci beaucoup Jean-Charles pour cet entretien et pour tout ce que tu apportes aux pratiquants.
Merci de m’avoir interviewé! J’espère que les visiteurs et lecteur du site vont apprécier ce 5e volume, surtout les pratiquants francophones qui sont issus en majorité de l’enseignement de Shimabukuro Yukinobu et de Takayasu Takemi, et qui vont ainsi pouvoir découvrir d’autres points de vues sur leur pratique.
Et merci Lionel de diriger ce site qui est bien indispensable dans le milieu uechi francophone.
Le livre de JC Juster à découvrir dès début Septembre 2018 :