Revenons-en à ta série d’entretiens ; si l’on regarde les 4 premiers tomes déjà parus ; il y-a-t-il une rencontre un entretien que tu retiens en particulier et qui t’a marqué ?

Sans hésitation, Higa Kiyohiko.
J’ai trouvé chez lui un esprit critique et une hauteur qui m’ont vraiment marqué.
Techniquement, ce qu’il fait est assez éloigné de ma pratique, mais j’y ai vu la martialité okinawanaise pleine et entière. C’est assez rare.
Beaucoup cherchent de la sinité dans les pratiques d’Okinawa, comme si elle étaient garante d’une vraie tradition et d’authenticité, par contraste avec la japonisation du Karaté dans son ensemble et de certains courants de kobudo.
A  mon sens, c’est faire fausse route…. Okinawa n’a jamais été la Chine… cet « imposant » voisin, mais pas envahisseur pour autant, tout du moins dans le cas des Ryûkyû.

Il n’y a donc pas de raison d’y trouver une marque chinoise dans les arts martiaux insulaires vrais! Je suis désolé, mais la place qu’a pris la Chine au cours des siècles dans les Ryûkyû n’a pas été qu’une bonne chose. Des pans importants de la culture locale ont ainsi disparu, ou en tout cas ont été mis de côté, car « inférieurs », comparé à l’avancée chinoise.
Pour les arts martiaux, c’est un peu pareil. Alors quand je vois la Motobu Udun dii, ou la Yamane-ryû, là je vois Okinawa dans son intégralité, sans marque(s) chinoise(s).

C’est pour cela que dans mes livres, je parle des bâtons des provinces, comme ceux de Maeda (vol.1 des entretiens) ou de ceux de Kochinda (Karate et kobudô à la source).

 

Le tome 5 de ta série à paraître la semaine prochaine est consacré au karate Uechi ou pangainun. Cela t a t il donné envie de pratiquer ce type de karaté ou Pangainun ?

Je pratique cet art martial au sein de la Kônan-ryû, d’Itokazu Seiki… et je suis dans cette école depuis pas mal d’années maintenant, cela va faire dix ans que j’ai commençé avec maître Kuniyoshi Shinji, à Maaji. Et  il me reste beaucoup à faire et à apprendre pour m’approcher de mon maître.

Itokazu Seiko (Konan-Ryu)

 

Pourquoi ce choix de finir ta série sur cette école ?

Parce que j’avais fait le tour des « familles » importantes d’arts martiaux insulaires, et que, parce qu’étant moi-même pratiquant de ce type de karaté, je ne voulais pas commencer par publier à son sujet, on m’en m’aurait taxé de favoritisme.
De plus dans la tradition okinawanaise, on parle de soi en dernier ; il était donc logique que je termine ma série par le Karaté que je pratique.
De plus,  j’ai dû attendre 2016 pour rencontrer quelqu’un de la maison Uechi, Sadanao en l’occurence.

 

Suite  et fin de l’entretien