Auteur de nombreux ouvrages sur le Karate de le Kobudo d’Okinawa et notamment de la série ‘Entretiens à Okinawa avec ses maîtres de karate et de kobudô’.
Jean-Charles Juster aborde dans son dernier tome le pangainun ou Karate Uechi (tome 5).
Entretien réalisé le 31 Aout 2018, quelques jours avant la sortie de son dernier livre.

Bonjour Jean-Charles et merci de maccorder cet entretien.
Pourrais-tu stp te présenter brièvement ?

Bonjour, je m’appelle Jean-Charles Juster, j’ai 40 ans, et je suis de originaire de Paris.

J’ai une formation en ethnologie et en langue japonaisece qui  m’a conduit à me former « par moi-même » dans ce que je nomme «  l’okinawanologie ».

En effet, quand j’ai commencé mon troisième cycle universitaire sur les danses d’Okinawa,  j’ai rencontré un mur.  Il n’y avait rien en français sur la civilisation okinawanaise.

J’ai donc commencé seul à chercher des livres où trouver des données, lire des théories. J’ai obtenu par la suite une bourse du gouvernement japonais, et je suis parti pendant deux ans à l’université des arts d’Okinawa, pour faire mes recherches de doctorat.
Bien-sûr, le reste du temps, j’en apprenais toujours plus sur ces îles, en fréquentant les habitants, et en même temps, j’ai un peu appris l’okinawanais.

Une fois rentré en France, et soutenu ma thèse de doctorat, j’ai une nouvelle fois compris que les études okinawanaises, et donc Okinawa, n’avaient pas trop droit de citer.

Qu’as-tu retiré de cette expérience ?

Qu’il en découlait qu’on ignorait  à peu près tout sur ces îles dans le monde francophone, en confondant des concepts, des moments historiques, …

Cela était particulièrement vrai dans le monde du karate, que je connais bien, vu que je pratique depuis le début des années 1990, et que j’ai passé le DIF, puis le brevet d’état.

Bien sûr, la faute n’en incombait pas aux pratiquants qui par définition pratiquent, et c’est déjà bien et beaucoup.

Par contre il y a souvent des inexactitudes chez ceux qui écrivaient (et écrivent toujours d’ailleurs) des livres en annonçant des faits et des notions qu’ils ne maîtrisent pas tout à fait …  en effet il est très important de pouvoir bien lire et comprendre  le japonais, qui reste LA  langue obligatoire pour avoir accès à des informations dignes de foi sur le sujet.

J’ai donc décidé de me consacrer au développement du savoir sur la société okinawawanaise.

J’ai commencé par co-écrire un livre se voulant une introduction au sujet : Un clan d’Okinawa  Les Tamanaha de Shuri.

Puis, comprenant qu’Okinawa intéressait surtout les passionnés du Karaté, j’ai décidé d’écrire sur les arts martiaux insulaires, afin de pouvoir partager les faits tels qu’ils sont et arrêter un peu les mythes tout en faisant mieux connaître  Okinawa, son indépendance, sa culture, son histoire originale etc…

Je précise que l’histoire des arts martiaux okinawanais ne m’intéresse pas tant que ça, pour diverses raisons ;  c’estd’ailleurs  pour cela que j’écris sur le temps présent, ou sur le passé immédiat (aux environs de la Seconde Guerre mondiale).
Et puis étant ethnologue …. j’ai tendance à me détourner cette discipline [rire]

J’ai donc publié en 2016 un livre assez conséquent, mais je rassure les lecteurs, très aisé à lire, sur le karate et les kobudo okinawanais, qui synthétisait tout ce que j’avais lu, vu, écouter à Okinawa durant des années :  ‘Karate et kobudô à la source-Les Arts martiaux okinawanais’.

A partir de  là J’en suis donc arrivé à deux axes deux travail qui durent depuis 2017 : les entretiens avec les experts contemporains (choses qui n’avait jamais été faite en langue française), et des traductions de textes écrits par les maîtres du XXe siècle (il faut bien que ma maîtrise en langue japonaise serve à quelque chose).

Le 5e volume de la série des entretiens va sortir au mois de septembre. A l’heure où nous nous parlons, le livre est sous presse.


Suite de l’entretien